Les dvandvas – “dvi-dvi”- “les deux-deux”

Lorsqu’on se penche sur nos polarités dans la pratique des postures de yoga, les plus évidentes sont liées à nos représentations du corps et la perception des forces auxquelles il est soumis : haut-bas ; gauche-droite ; avant-arrière ; intérieur-extérieur ; chaud-froid ; repos-activité etc…

Les redécouvrir à chaque pratique, les décrypter, les mettre en jeu de façon orientée peut déjà nous permettre d’aller vers une plus grande adaptabilité.

La définition même des postures dans le Yoga-Sûtra nous invite à faire cohabiter deux intentions à priori opposées : la fermeté et la détente (YS II-46 Sthira sukham âsanam).

Il s’agit aussi de mener des efforts répétés, persévérants visant la décontraction et l’orientation vers l’infini ( YS II 47 prayatna saithhilya ananta smâpattibyâm) : “on peut considérer que le pratiquant maîtrise les postures lorsqu’il n’est plus obligé de fournir des efforts persévérants. Dans cette stabilité, il saisit la physiologie subtile de chaque posture et pénétre à l’intérieur, atteignant les plus petits recoins du corps. Ainsi il maîtrise l’art de la relaxation, maintenant la fermeté du corps et de la conscience” (commentaire de BKS Iyengar).

Le but des postures “n’est rien moins que la transformation de notre corps-esprit, la transformation profonde de notre être au monde au service d’une perception libre et approfondie (Peter Hersnack).

Mais le couple ultime dont il est fondamentalement question dans le Yoga-Sûtra de Patanjali est celui formé par le Purusha (définit par P.Hersnack comme “la vie qui nous habite…qui est au delà du changement et se reflète au monde à travers notre corps et notre esprit) et la Prakrti (ce qui est habité et qui et soumis au changement).

 “En confondant ces Deux là, en les prenant l’un pour l’autre, en confondant la forme que la vie prend en nous et la Vie même, nous sommes dans un état de confusion…Le Yoga Sutra nous invite à réaliser et à vivre la différence entre les deux” (PH)

Dans ce schéma à deux, un troisième élément peut nous éclairer : il s’agit de Prâna que l’on peut traduire comme l’essence de la vie, l’énergie vitale. Prâna est l’ami de Purusha, c’est celui va permettre la relation aux autres, au monde (parfois facile ou pas) “Prâna c’est l’énergie de et pour la relation (PH). Dans notre perception directe ce qui nous permet de nous approcher de Prâna c’est notre souffle…et intimement lié à lui c’est notre respiration (et bienvenue chez les deux : inspir-expir ; suspension poumons pleins-suspensions poumons vides)…

a”C’est comme si la vie nous disait : toi qui ne veut pas vivre ces deux (Purusha-Prakrti) va découvrir d’autres deux, les dvi-dvi (dvandva) et apprend”

Alors Vivons ! Et apprenons !